VASSIGH
Chidan 26 avril 2016
N°
étudiant : 15603939
Philosophie
Paris 8 ( L3)
Partiel de:
La philosophie contemporaine française et
« l’évènement »
Jacques
Derrida – le ‘concept’ du 11 septembre
Pr. Charles Ramond
Commentaire
d’un extrait de « Le ‘concept’ du 11 septembre »
de Jacques Derrida
Quand vous dites ‘le 11 septembre’... on ne sait pas de
quoi on parle.
Pages : 133-134
---------------------------------------
Appréhender
« l’évènement »
La
question, à notre avis centrale, du dialogue de Jacques Derrida avec Giovanna
Borradori 1 est celle de savoir si on peut parler d’un
« concept » du 11 septembre ? Comment peut-on nommer, définir et
expliquer cette « chose » innommable qui frappa le 11 septembre
2001 le cœur ou plutôt la tête symbolique de l’ordre mondial 2,
causant près de trois mille victimes ? Quelle est la signification de
cet «évènement » ? En est-il un au sens philosophique du
terme ? Comment l’analyser, le « comprendre » (pas au sens bien
sûr de « justifier »), dans sa « raison » même, son essence
et sa nature ? Comment peut-on donc le « conceptualiser »
philosophiquement parlant comme mouvement de représentation d’un phénomène dans
ses propriétés, ses déterminations, ses causes, ses origines et
sa genèse ? Au sens, souligne Derrida lui-même, d’appropriation (compréhension,
reconnaissance, identification, description, détermination, interprétation à
partir d’un horizon d’anticipation, savoir et nomination).3
Avant
de passer au commentaire des deux premières pages du dialogue où se pose le
problème de la définition de la « chose », il faut noter que la
question du nouvel ordre international, de l ‘état du monde d’aujourd’hui,
comme source principale de toutes les inégalités qui s’aggravent plus que
jamais dans l’histoire de l’humanité 4, a toujours préoccupé Derrida
dans son travail de réflexion et de déconstruction des systèmes établis,
surtout dans ses œuvres tardives. Le « 11 septembre », comme « évènement »
« majeur » du début du troisième millénaire, en fait partie
excellemment.
Déjà,
en 1993 , donc huit ans avant que le djihadisme islamique se
manifeste dans sa dimension locale et internationale la plus inouïe, dans un ouvrage
qui fait date, Spectres de Marx , et particulièrement dans son troisième
chapitre dénommé Usures (tableau d’un monde sans âge) 5,
Derrida retrace l’état d’un monde qui va mal. Un monde usé et hors de
ses gonds 6. Un monde embourbé dans le chômage de masse ;
l’exclusion massive ; l’expulsion ou la déportation de tant
d’exilés, d’apatrides et d’immigrés hors d’un territoire dit national. Un monde où sévissent la guerre économique
sans merci, la dissémination de l’armement atomique, les guerres interethniques
guidées par un fantasme et un concept archaïques 7. C’est en
ce temps et bien avant l’effondrement des deux tours jumelles du World Trade
Center, que Derrida avisait sous l’appellation des plaies du « nouvel
ordre international » :
« Au
titre de la guerre internationale ou civile-internationale, doit-on encore
rappeler les guerres économiques, les guerres nationales, les guerres des
minorités, le déchaînement des racismes et des xénophobies, les affrontements
ethniques, les conflits de culture et de religion qui déchirent l’Europe dite
démocratique et le monde aujourd’hui ? des régiments de fantômes sont
revenus, des armées de tous les âges, camouflés sous les symptômes archaïques
du paramilitaire et du surarmement postmoderne (informatique, surveillance panoptique
par satellite, menace nucléaire, etc.). » 8
Comme
on peut le constater, la réponse à la question : Quel est le
« concept » du 11 septembre ? est déjà conçue de façon
conceptuelle et prémonitoire dans Spectres de Marx par l’explication de
l’ordre mondial existant et de ses diverses plaies. On y trouve les idées de
base comme : nouvel ordre mondial, guerre internationale,
nationale et civile-internationale, déchaînement des racismes, conflits
de culture et de religion, armées de tous les âges, régiments de
fantômes, symptômes archaïques, surarmement postmoderne
informatique etc. Ce sont en partie ces concepts ou notions qui peuvent orienter
la compréhension de ce qui nous arrive aujourd’hui, de ce qui se passe dans le
monde tel qu’il est. C’est aussi en partie à travers ces concepts et notions que
Derrida, dans le dialogue sur le « 11 septembre », cherche à
élucider et qualifier « l’évènement ».
----------------------------
Quelles
sont les idées principales de l’extrait que nous avons à commenter ? Elles
peuvent se résumer en une phrase tirée du texte même : on ne sait pas
au juste ce qu’on nomme : le 11 septembre. Derrida souligne donc de la
façon la plus soutenue et insistante, dès le début du dialogue, que nous nous
trouvons d’emblée en face d’une énigme : une « chose » ou un
« évènement » inconnu, obscur et étrange, d’autant plus monstrueux que
nous sommes incapables de le nommer autrement que par une date ou quelques
chiffres, un télégramme métonymique : le 11 septembre, 9.11
etc.
Dans ce commencement du dialogue, il
s ‘agit donc pour Derrida de mettre en évidence un aveu. L’aveu a priori
d’une impuissance de la pensée raisonnée et du langage à identifier,
déterminer, définir et qualifier un « évènement » qui a eu lieu en l’an 2001
aux États-Unis d’Amérique et que l’on ne peut nommer que par le « 11 septembre »
point final.
Dans le texte choisi, on découvre
six idées maîtresses que nous allons étudier.
1 – Un
« évènement » qui, par le simple acte de le nommer par une date, fait
date.
En nommant « l’évènement » par une
date, cela consiste à énoncer, comme une première appréhension
« immédiate », un premier « sentiment spontané », que
quelque chose est « advenu» qui fait date. Quelque chose qui va
marquer pour toujours le temps et l’Histoire, qui va rester gravé dans les
mémoires humaines pour toujours. Le nom de l’évènement étant une date et rien
d’autre, une marque précise du calendrier, c’est ce qui nous dit d’emblée que
dorénavant cette date-là, ce macabre « 11 septembre », se distingue
et se différencie de toutes les autres dates. On suppose ainsi, qu’à ce
jour de l’année 2001, quelque chose est arrivé pour la première fois et la
dernière fois. Pour la première fois car il est unique, singulier, différent,
sans précédent, unprecedented comme dirait Derrida. Et pour la dernière
fois car il ne va pas, IL NE PEUT PAS, en raison de son unicité absolue
comme un major event, se répéter, se reproduire comme tel. Il n’y a et
il ne peut y avoir qu’un seul et unique « 11 septembre 2001 » dans le
cours du temps.
2 – Un ressenti
médiatisé par une formidable machine techno-socio-politique.
Mais
ce qui est ressenti, éprouvé et senti comme un évènement absolument unique et
singulier et sans précédent, ce n’est peut-être que l’apparence des choses. ce
n’est pas si spontané qu’il n’y paraît à priori. C’est ce que l’on veut
nous faire « sentir ». Ce sentiment d’être en face d’un évènement
sans précédent et unique ne provient pas directement de nous. Il n’est pas si
immédiat et spontané. Il est fabriqué en dehors de nous : Il est dans
une large mesure conditionné, constitué, sinon construit, en tout cas médiatisé
par quelque chose d’autre. Par qui ? par le dispositif qui possède les
moyens de créer, de fabriquer de tels sentiments et de les faire passer comme le
propre de chacun. Par une puissance, un pouvoir, une formidable machine techno-socio-politique.
Bref par un monstre sophistiqué, à trois têtes technique, sociale et
politique. C’est quoi cette
« machine » ? Derrida nous en donné une idée dans Spectres de
Marx :
« ... La représentativité électorale ou la vie
parlementaire n’est pas seulement faussée, comme ce fut toujours le cas, par un
grand nombre de mécanismes socio-économiques, mais elle s’exerce de plus en plus
mal dans un espace public profondément bouleversé par les appareils
techno-télé-médiatiques et par les nouveaux rythmes de l’information et de
la communication, par les dispositifs et la vitesse des forces qu’elles
représentent mais aussi bien, et par conséquent, par les nouveaux modes
d’appropriation qu’elles mettent en œuvre, par la nouvelle structure de
l’évènement et de sa spectralité qu’elles produisent (qu’elles inventent
et mettent au jour, inaugurent et révèlent, font advenir et
mettent en lumière à la fois, là où elles étaient déjà là sans être
là : c’est du concept de production dans son rapport au fantôme
qu’il s’agit ici). Cette transformation n’affecte pas seulement des faits
mais le concept de tels « faits », Le concept même de l’évènement. » 9
(les
passages en gras sont de moi)
Ne nous méprenons pas sur le rôle des appareils
techno-télé-médiatiques ou de la machine techno-socio-politique dans
l’acte barbare du réseau djihadiste Ben Laden contre les citoyens d’un pays, le
11 septembre 2001. Il s’agit ici du dispositif qui crée ou fabrique
« l’évènement » en tant que quelque chose qui doit faire
date. C’est la machine qui, après coup, se met en marche pour
créer un sens, un ressenti, un sentiment de quelque chose qui
doit passer pour singulier, sans précédent et faisant date. Cette fabrication
techno-télé-médiatique ou techno-socio-politique n’affecte pas seulement
le fait même, l’acte même, mais plutôt son concept, Le concept même de
l’évènement c’est-à-dire ses déterminations, son origine, sa cause, sa
raison etc.
3 – Le supposé
universel qui n’est que suppositions et présuppositions.
Un évènement qui « fait date » veut
dire aussi qu’il reste dans l’histoire, qu’il la marque de son sceau, qu’il est
inoubliable donc mémorable. Il est, écrit Derrida, ineffaçable dans
l’archive commune d’un calendrier universel. C’est dire qu’il reste
impérissable, indestructible, indélébile
dans la mémoire des hommes, commune et universelle. Mais tout cela, insiste
bien Derrida dès le début de son discours et veut y insister
encore ici, n’est que du prétendu, du soi-disant, du supposé
universel. Ce ne sont que des suppositions
et présuppositions. Elles peuvent être primaires, dogmatiques ou non, bien réfléchies,
organisées ou calculées par la machine techno-socio-politique en vue
d’une politique stratégique... mais tout cela n’est que supputations et
spéculations. On reste toujours dans le domaine des hypothèses et conjectures, dans
le monde, si on puisse dire, des « fantômes », pour reprendre une
formule chère à Derrida, car il y a bien une réalité, une attaque macabre avec des milliers de morts innocents et on
sait d’où vient-elle mais il y aussi des « fantômes » : tout ce
qu’on ne sait toujours pas identifier, déterminer, reconnaître, analyser... appréhender.
4 – « chose » ineffable, comme unicité
sans horizon, litanie journalistique ou télégramme d’une métonymie :
l’aveu d’une impuissance.
Le fait de nommer l’évènement au moyen d’une
date par nécessité économique ou rhétorique, le fait de le répéter comme une formule
magique, une prière ou un refrain journalistique, le fait de parler en style télégraphique
et par métonymie en remplaçant un nom par un chiffre... tout cela accuse un
terrible aveu : celui de l’ impuissance à déterminer le sens d’une
« chose » qui reste ineffable, indescriptible, inexprimable ou
indéfinissable. « chose » dont on ne connaît ni son vrai lieu
d’origine ni son vrai sens, qui a une unicité sans généralité à l’horizon donc quelque
chose sans concept, sans signification générale et universelle. Seulement une
simple intuition, un simple pressentiment.
5 – On ne dispose d’aucun
concept et d’aucun sens.
Appréhender l’évènement c’est le saisir dans ses
déterminations, sons sens, son origine, son essence, sa raison d’être et ses
conséquences. C’est ce qui en fait un « concept » si on parvient à
l’atteindre en pensée. Mais dans le cas du major event, on ne dispose d’aucun
concept et d’aucun sens, dans l’acceptation que l’on vient de préciser, hormis ce que
« la machine » veut nous faire croire, par le doigt, l’index, pointé
vers une date, le 11 septembre, par le déictique minimal, et en « présentant »
la « chose » comme un
évènement unique et sans précédent, comme si c’est la première fois et la
dernière fois que cela arrive dans l’histoire et que de telle monstruosité, les
autres parties du monde, d’autres citoyens et d’autres peuples, n’ont
jamais vu pareille.
6 –
« Terrorisme international » : tout sauf un concept rigoureux et
satisfaisant.
Le
« terrorisme » est le terme qui est largement utilisée et maniée ces
dernières décennies par les systèmes en place, par la Doxa, par les
appareils idéologiques dominants ou d’État (pour reprendre un terme
d’Althusser), par les appareils techno-télé-médiatiques ou techno-socio-politiques.
Derrida a beaucoup travaillé sur ce qu’il dit être « tout sauf un
concept ». Il l’a déconstruit à la fois dans Le ‘concept’ du
11 septembre (dans les pages suivant celles que l’on commente ici)
que dans ses écrits, plus particulièrement, dans ses entretiens politiques.
En
effet, le «terrorisme » est-il un concept ? Y-a-t-il un sens
quand on ne sait pas ou quand on ne veut pas savoir, préciser ou définir de quoi on parle ? De quel
« terrorisme » on veut « s’immuniser » ou
« s’auto-immuniser » pour reprendre la formule de Derrida?
Mais
de quel « terrorisme » ou « terrorisme international » s’agit-il :
-
Du terrorisme des États « démocratiques », fascistes ou
totalitaires tout au long de l’histoire moderne avec ses deux guerres
mondiales, ses guerres civiles et nationales, sa solution finale, ses guerres
coloniales et néocoloniales, ses terreurs, ses massacres, ses agressions et ses
interventions armées partout dans le monde considérée comme leur domaine
réservé?
-
Du terrorisme des djihadistes
et intégristes islamiques ? Mais lesquels ? de celui des fascistes de Daech ?
ou de celui qui sévit en Syrie d’Assad avec ses massacres aussi atroces? ou de celui
de l’État théocratique et répressif
d’Iran ou de l’Irak, de l’Afghanistan, de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte d’Al
Sissi ou de la Lybie etc.?
-
Ou enfin du terrorisme
de l’État d’Israël ou des palestiniens ?
Le
« terrorisme », soutient Derrida, est une notion à revisiter et à décomposer,
à déplier ou « découper dans sa constitution » 10,
donc à déconstruire. Il n’y a pas, en effet, un « terrorisme » mais
plusieurs, une « terreurs» mais plusieurs. Et la source de tout çà, il ne faut
la trouver seulement « dehors », chez l’Autre, l’Autrui, l’ennemi
extérieur, mais AUSSI, et nous disons peut-être SURTOUT, at home, « dedans »,
chez soi, à l’intérieur.
Lisons
Derrida, dans sa tâche de la déconstruction des « concepts »,
ce qu’il dit du « terrorisme » et de la « terreur » :
« ...
puisque nous parlons ici de terrorisme, donc de terreur, la sources la plus irréductible
de la terreur absolue, celle qui, par définition, se trouve la plus démunie
devant la pire menace, ce serait celle qui provient du « dedans », de
cette zone où le pire « dehors » habite chez « moi »...
D’où la terreur. La terreur est toujours, elle devient toujours, au moins pour
une part, « intérieure ». Et le terrorisme a toujours quelque chose
de « domestique », sinon de national. Le pire
« terrorisme », le plus efficace, même quand il semble externe et
« international », c’est celui qui installe ou rappelle une menace intérieure,
at home – et que l’ennemi est toujours aussi logé à l’intérieur
du système qu’il viole et terrorise. » 11
Et
plus généralement sur le « terrorisme international » :
« Il nous faut également dire un mot de l’expression
« terrorisme international » qui alimente les discours politiques officiels
partout dans le monde. Après le 11 septembre, une majorité écrasante des
États... a condamné ... ce qu’elle appelle le « terrorisme
international »... Au moment même
où ils [les États] s’apprêtaient à le condamner, certains États avaient dit
leurs réserves sur la clarté de ce concept de terrorisme international et
des critères qui permettent de l’identifier. Comme pour beaucoup de notions juridiques...
ce qui reste obscur, dogmatique ou précritique dans ces concepts n’empêche pas
les pouvoirs en place et dits légitimes de s’en servir quand cela leur paraît
opportun. Au contraire plus un concept est confus, plus il est docile à son
appropriation opportuniste. C’est d’ailleurs à la suite de ces décisions précipitées,
sans débat philosophique au sujet du « terrorisme
international » ... que l’ONU a autorisé les États-Unis à utiliser tous
les moyens jugés opportuns et appropriés par l ‘Administration
américaine pour se protéger devant ledit « terrorisme international.
Sans remonter trop loin en arrière, sans même rappeler... à
juste titre... que des terroristes peuvent être loués comme des combattants de
la liberté dans un contexte (par exemple dans la lutte contre l’occupation
soviétique en Afghanistan) et dénoncés comme des terroristes dans un autre...
n’oublions pas la difficulté que nous aurions à décider entre le
« national » et l’ »international » dans le cas des
terrorismes qui ont marqué l’histoire de l’Algérie, de l’Irlande du Nord, de la
Corée, d’Israël ou de la Palestine.
[À
la suite de ces exemples on peut ajouter aussi le « terrorisme
international » des USA, qui fomentaient des coups d’Etat militaires un
peu partout dans le monde, ou de l’URSS pour asseoir leur hégémonie,
ou bien du nouveau régime islamique iranien contre ses opposants de l’extérieur...]
À partir de quel moment un terrorisme cesse-t-il d’être
dénoncé comme tel pour être salué comme la seule ressource d’un combat
légitime ? Où inversement ? Où faire passer la limite entre le
national et l’international, la police et l’armée, l’intervention de
« maintien de la paix » et la guerre, le terrorisme et la guerre, le
civil et le miliaire sur un territoire etc.» 12
Et
dans le même ordre de démarche déconstructive, lisons Derrida quand il parle de
la « guerre » qui oppose les deux grand ensembles qui se font face aujourd’hui.
De quelle « guerre » s’agit-il ? N’est-ce pas de celle de deux
théologies politiques étrangement issues de la même souche ou du sol commun de
la révélation abrahamique ? 13:
« Nous
parlons d’une étrange « guerre » sans guerre. Ella a souvent la
forme, au moins apparente, d’un affrontement entre deux ensembles dont la
détermination religieuse reste très forte. D’un côté, la seule grande puissance
« démocratique » de type européen au monde qui maintienne, d’une
part, la peine de mort dans son système pénal et, d’autre part, malgré la
séparation de principe entre l’État et les religions, une référence biblique
(avant tout chrétienne) fondamentale dans le discours officiel... En face, de l’autre
côté, un « ennemi » qui s’identifie lui-même comme islamique, comme
islamisme intégriste ou fondamentaliste... même si tous les musulmans sont loin
de se reconnaître en lui. Pas plus d’ailleurs que tous les chrétiens du
monde ne se reconnaissent dans les professions de foi fondamentalement
chrétiennes des États-Unis.» 14
--------------------------------------------------
Au
terme de ce commentaire où on a distingué six idées essentielles de Derrida, on
peut résumer notre propos ainsi : le
« concept » du « 11 septembre », s’il y en a, ce qui
n’est pas certain, reste une inconnue tant que l’on continue à le nommer que
par une date. Tant que l’on reste sur les fabrications de la machine
techno-socio-politique qui nous domine. La date qui fait date, le
« terrorisme international » ... tout cela, en soi, ne dit rien, ne
qualifie rien, ne reconnaît rien, ni sur l’essence, ni sur l’origine, ni sur les
causes et ni non plus sur les déterminations d’un « évènement » que
le système considère comme « majeur »
et « sans précédent » alors qu’il n’est en vérité ni majeur ni
unprecedented dans l’histoire moderne. La tâche de Derrida, dans ce
dialogue de plus de soixante pages, est de montrer si la philosophie peut dire quelque
chose d’autre et de différent... digne d’être conceptuel et universel.
Notes
1.
le « concept » du 11 septembre. Dialogues à New York avec Giovanna
Borradori. Galilée - 2003.
2.
Ibid.,
p. 147.
3.
Ibid.,
p. 139.
4.
Spectres de Marx
– Jacques Derrida. Ed Galilée, 1993, p. 141.
5.
Ibid.,
pages 129-155.
6.
Ibid.,
p. 129.
7.
Ibid.,
pages 129-137.
8.
Ibid.,
p. 134.
9.
Ibid.,
p. 131.
10.
Le vocabulaire de Derrida. Charles Ramond. Ellipses Éditions. Déconstruction, p. 20.
11.
le « concept » du 11 septembre. Op. cit. Note de la page 145.
12.
Ibid.,
pages 157-159.
13.
Ibid.,
p. 174.
14.
Ibid.,
p. 174.